"En lisière" est le fruit de trois voyages à Calais au sein de mon travail.  

Bien sûr, la rencontre avec les personnes vivants dans la Jungle m'ont marqué, mais aussi l'acharnement des bénévoles, la complexité de la situation. Que rien n'est tranché.

Ces voyages m'ont apportés beaucoup humainement et je me devais de mettre des mots pour redonner ce que j'avais reçu.

EN LISIERE 

extrait 

LA VILLE

 

 

 

 

Il y a eu d'abord les kosovars.

 

On les appelle d'ailleurs encore comme ça : les kosovars.

 

Ils ont beau être noirs pour la plupart

 

c'est resté.

 

 

 

Au début ils étaient quatre cents.

 

maintenant ils sont dix mille.

 

 

 

La ville est divisée.

 

 

 

Ceux qui

 

depuis le début ont ramassés ces corps échoués les ont lavé nourri vêtu comme leurs propres enfants.

 

 

 

Ceux qui

 

ferment les yeux

 

leur porte

 

qui disent : c'est t'y pas malheureux !

 

 

 

D'autre part

 

les exaspérés les commerçants les touristes les routiers

 

ceux qui

 

les suivent dans les rayons pour voir ce qu'ils volent.

 

 

 

Il y a ceux qui

 

ont peur

 

pour leur vie

 

pour leurs biens

 

pour leur fille.

 

/Ce sont comme des bêtes./

 

Peur de leur religion

 

de leur violence

 

de leur peau

 

de leur sueur

 

de leur odeur.

 

 

 

Il y a ceux qui les haïssent.