Nous nous étions lancé un défi au sein de l'association Tisseurs de Mots d'écrire une nouvelle autour des 4 saisons. Chaque saison apportait des contraintes et de la matière à notre histoire. C'était la première fois depuis longtemps que je me plongeais dans une histoire un peu plus longue, et c'est là que je me suis dit: WOUAH !  P..., la nouvelle, c'est trop bien !

 LES 4 SAISONS D'ELLIOT CLOUD

extrait

 

Elliot Cloud se redresse et regarde vers la maison. Une belle maison pense t-il encore une fois. Le printemps passe par le jaune dominant des jonquilles, le rouge sang des tulipes, la douceur du rose cerisier. On en a pour notre compte d'odeurs et de beauté, on stocke tout ça dans sa mémoire pour les moments plus durs, plus gris.

 

Cloud essuie la sueur de son visage avec le bas de son ti-shirt. En arrivant devant la terrasse, il sent la tension entre les deux gars.

Quelle barbe se dit-il, j'ai pas envie d'ça aujourd'hui.

Il gravit les quelques marches en les regardant l'un après l'autre. Il insiste sur Yohan. Il se méfie. Pas longtemps qu'il est arrivé. Il pue la violence gratuite, la lâcheté. Bien capable de te crever dans l'dos avec un couteau mal aiguisé. Avant la fin de la semaine, il serait bien possible qu'il lui demande de faire son sac à celui-là.

 

Solo tend une tasse tiède à Cloud et tous deux s'adossent au mur de la terrasse.

Malgré la présence pesante de Yohan depuis quelques jours, Elliot Cloud se sent bien. C'est la période de l'année qu'il préfère, même si elle attise tous ses sens, si elle réveille les vieux démons. C'est aussi la vie qui reprend le dessus, elle se déploie en corolle, se pare d'un vert tendre, d'un peu d'espoir.

Si on passe le cap.

Si on arrive à supporter la lumière crue et cruelle sur nos propres noirceurs.

On ne peut alors que s'émerveiller, on ne peut que louer le ciel d'être encore vivant et de contempler de telles prouesses.

 

- C'est beau, hein ? demande Solo, interrompant la dérive de Cloud, le cri du merle et le chuintement du ruisseau.

   

- C'est beau à s'arracher le cœur, Solo.