repasser

 

 

 

Je crois que ce n’est pas possible d’être tout simplement parce qu’on se flingue à un moment, inévitablement.

 

Elle repasse et passe entre ses mains les habits de chacun. Gestes mécaniques mais dans sa tête, elle voit leurs visages, elle pense à ce qu’elle doit dire faire pour qu’eux soient.

 

Chacun a son tas. Ses affaires à elle sont mélangées avec celles du mari. Ils iront dans la même armoire. Voilà que ça lui reprend de ne plus avoir envie de ce mélange, de vouloir dissocier.

 

Elle sait qu’il ne faut pas penser comme ça, que ce n’est pas tout à fait juste. Qu’il y a de bons moments, de la chaleur encore, des rires. Pourtant, souvent, lui vient l’envie de fuir.

 

Elle enlève un pli et repense au dîner d’hier. A un moment, elle s’est murée dans le silence. Elle les regardait, mais n’entendait plus leur voix. Elle ne voyait plus que leurs visages et lui, toujours dans le paraître, a essayé de vendre. Quoi ? Elle ne savait quoi.  Une grande fatigue de vie est apparue. A un autre moment, elle a repris la parole. Il n’y a rien à vendre, il y a juste à être.

 

Toute la nuit, après, elle a tenté de fuir dans le sommeil.

 

VLM 2017