Des fois, ça nous vient comme ça. On porte fort quelque chose qui doit sortir. Les mots se bousculent et dégueulent sur le papier. C'est le cas" d'incurable".
INCURABLE (extrait)
La brume.
Sans la brume il n'y aurait pas de frissons,
pas de poils qui se hérissent, de cou qui se tend,
de regard qui tente de percer le mystère.
Et la forêt,
la forêt, elle n'en finit plus, elle s'allonge dans la brume,
elle se dense, elle s'oppresse autour.
Elle fait celle qui mine de rien,
et un rien nous perd.
On a un plan.
Il est posé sur les genoux pendant que l'on conduit à l'aveugle et on transpire à force de se dire qu'on devrait faire demi-tour;
mais demi-tour, c'est se perdre à tout jamais.
&
Je me suis retrouvée sur le seuil avec ma valise.
Devant moi une gigantesque porte en bois.
Les feuilles, les arbres, l'ombre et la lumière avec le vent faisant ployer les branches, tout tournoie.
La forêt.
Enivrée d'odeurs de sève, d'humus, je chavire.
Est-ce qu'un homme de bois va m'ouvrir la porte de l'immense atelier d'un maître Geppeto réparateur des coeurs en fuite ?
Ceux dont la sève s'écoule trop vite. Ceux dont les pieds ne prennent pas racines. Ceux que la foudre vise en premier.
Comment ne pas avoir envie de rebrousser chemin ?
J'y allais déjà à reculons...prendre la décision de venir ici est déjà un petit exploit en soi.
J’ai sonné. On m’a ouvert, accueilli chaleureusement. Je leur ai dit que j’avais eu de la peine à venir jusqu’ici. Ils m’ont regardé avec un gentil sourire idiot. Soit ils me prenaient pour une parfaite imbécile, soit l’affaire était courante et ils en avaient assez de répéter les mêmes choses.
La porte se referme sur la brume et la forêt.
On aurait pu se croire dans un hôtel quelconque, si ce n’est qu’ils m’ont demandé de leur donner mon portable,ma clef de voiture et tout ce qui pouvait se connecter avec l’extérieur.
J’ai senti la sueur me couler sur le front. J'ai compris que le pied du mur existait. Ma main a tremblé dans ma poche et j’ai dû regardé un point au loin pendant quelques secondes. Reprendre souffle.
Ces gens sans visages, sans noms, qui n'étaient rien pour moi, allaient tout simplement me dépouiller.
Je me suis refait le film des dernières heures avant de venir jusqu'ici.
Ce qui me poussait à venir dans ce lieu.
Il faut nous donner votre portable…
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