photo: Bernard Mallet
photo: Bernard Mallet

L’autre est celui qui scrute.

L’autre entré dans la vie d’elle

en la piquant de son regard

bleu

sur des objets laissés à l’abandon

les papiers peint en lambeaux

les fauteuils esseulés

où plus personne ne s’assoit. 

 

L’autre

où l’oeil se glisse entre les carreaux cassés

au travers des lierres rampants.

 

L’autre économise sa langue

et interroge les mots d’elle.

 

L’autre veut attendre

suspendre les souffles comme les culottes aux poignées de porte.

L’appréhender morcelée

et se découvrir de même.

Le jeu est sensuel 

on ne sait s’il vaut une chandelle

ils en viennent aux effleurement des mots de peau

pour déterminer le seuil du frisson.

 

L’autre interroge les limites.

Un jour il offre des compromissions

Un autre pousse elle

dans ses retranchements.

 

Les mots

le regard

les mots de ce qu’elle voit

lui, la vision de ce qu’elle écrit.

 

L’autre

jusqu’au bout tient le lien

tendu

près à se rompre

même jusqu’à la possible extinction du feu.

Jeu d’équilibriste…

jusqu’à ce petit matin

ou l’une et l’autre se rejoignent.

 

A la clarté de la lune et de quelques étoiles

d’un jour qui se dévoile

plus vite qu’elle ne l’a imaginé

plus lentement pour lui, à son avis.



L’autre guette

aussi elle

se prête au jeu.

Elle n’a pas peur.

Elle est sereine.

 

Tendu il

peut-être…

elle non.

 

Le château se découpe lentement

phare

dans le levant.

 

Peu d’obstacles pour y arriver

étonnamment laissé là

ouvert aux vents

aux tempêtes

aux vaches curieuses

aux bêtes et à la poussière

abandonnés des cris des enfants et des lance-pierres.

 

Brisures

fêlures

cassures

et

vide.

 

Seulement quelques traces de passages

mais peu de traces du passé

 

L’autre déçu

de ne pas trouver d’autres restes du du temps

où les gens avant

de n’en connaître l’histoire.

Elle curieuse

d’ouvrir les portes sur l’atmosphère.

 

Elle

s’appuie

contre la fontaine sans eau

elle a soif

elle pense ne rien laisser transparaître.

 

Alors ?

 

...Leurs bouches se touchent

un écho de baiser

dans la fontaine asséchée

 

Alors…

 

leurs corps s’approchent

parce qu’ils sont là chacun

tendus et sereines vers ce seul but.

 

La rosée empêche

mais elle

n’abdique pas.

 

On monte

on ascensionne l’enroulement de l’escalier

jusqu’à la fenêtre ouverte

que le soleil foudroie. 

Elle

a besoin de sentir sur sa peau

ses rayons là.

Découverte du grain où les sens s’entremêlent.

 

Ils attendent

que la chaleur monte

que l’astre sèche l’herbe déjà jaune

pour s’étendre, pour s’étreindre.

 

Dans le jardinet

à l’abri des murs

elle s’offre

et ce qui se passe là

est somme toute, très simple

sans promesses

sans suite, peut-être

mais l’instant

vivant.

 

VLM juillet 2020