On n'explique pas la douceur
elle vient.
Les nuages légers au- dessus des toits passent au- delà de la ville
c'est le vent
évident.

On se repose la tête
à regarder ce qui se trame dans le ciel
quelques pigeons volent se posent
sur les cheminées
le vent leur rentre dans les plumes et les ébouriffent

Ce matin il y eut la première lueur du jour
et tout juste avant
le pépiement de quelques oiseaux.
On a su que ça allait être doux.

Rares sont ces journées là.

On prend le chemin du pont
On ne se retourne pas.
On marche droit et lentement.
On apprécie
le lent
est devenu étrange.
Une curiosité dans le paysage du vite.

On plie la nuque
pour regarder ce ciel bleu où gesticule et se démembre un nuage fantastique et dément.
On se demande d'où il vient et où il part, ce qu'il traîne avec lui, des peines sans doute, des accumulations, de la beauté, des laideurs.
Je penche pour la beauté.
Je suis encore pleine d'espoir
même si je suis fatiguée.

Sur le chemin, j'ai rencontré
ce gamin qui n'était que soupe
A presque vingt ans il faisait de la peine à voir.
Il portait un visage de tristesse.

Je lui ai montré du doigt le nuage qui filait trop vite
ses traits de sont éclairés
il a dit que c'était un chouette nuage
et j'ai été bien contente de l'avoir partagé.

On a pas toujours le temps à vingt ans
de regarder les nuages
encore moins
lorsque nous marchons
jeunes ou vieux
en regardant notre smartphone.

Aujourd'hui
j'ai rencontré un enfant et un nuage
un peu de douceur passante au souffle du vent.

On n'explique pas la douceur
elle vient.

Veronique Le Milan 2019.
Photo: Aube de ma fenêtre