L’autre est celui qui scrute.
L’autre entré dans la vie d’elle
en la piquant de son regard
bleu
sur des objets laissés à l’abandon
les papiers peint en lambeaux
les fauteuils esseulés
où plus personne ne s’assoit.
L’autre
où l’oeil se glisse entre les carreaux cassés
au travers des lierres rampants.
L’autre économise sa langue
et interroge les mots d’elle.
L’autre veut attendre
suspendre les souffles comme les culottes aux poignées de porte.
L’appréhender morcelée
et se découvrir de même.
Le jeu est sensuel
on ne sait s’il vaut une chandelle
ils en viennent aux effleurement des mots de peau
pour déterminer le seuil du frisson.
L’autre interroge les limites.
Un jour il offre des compromissions
Un autre pousse elle
dans ses retranchements.
Les mots
le regard
les mots de ce qu’elle voit
lui, la vision de ce qu’elle écrit.
L’autre
jusqu’au bout tient le lien
tendu
près à se rompre
même jusqu’à la possible extinction du feu.
Jeu d’équilibriste…
jusqu’à ce petit matin
ou l’une et l’autre se rejoignent.
A la clarté de la lune et de quelques étoiles
d’un jour qui se dévoile
plus vite qu’elle ne l’a imaginé
plus lentement pour lui, à son avis.
L’autre guette
aussi elle
se prête au jeu.
Elle n’a pas peur.
Elle est sereine.
Tendu il
peut-être…
elle non.
Le château se découpe lentement
phare
dans le levant.
Peu d’obstacles pour y arriver
étonnamment laissé là
ouvert aux vents
aux tempêtes
aux vaches curieuses
aux bêtes et à la poussière
abandonnés des cris des enfants et des lance-pierres.
Brisures
fêlures
cassures
et
vide.
Seulement quelques traces de passages
mais peu de traces du passé
L’autre déçu
de ne pas trouver d’autres restes du du temps
où les gens avant
de n’en connaître l’histoire.
Elle curieuse
d’ouvrir les portes sur l’atmosphère.
Elle
s’appuie
contre la fontaine sans eau
elle a soif
elle pense ne rien laisser transparaître.
Alors ?
...Leurs bouches se touchent
un écho de baiser
dans la fontaine asséchée
Alors…
leurs corps s’approchent
parce qu’ils sont là chacun
tendus et sereines vers ce seul but.
La rosée empêche
mais elle
n’abdique pas.
On monte
on ascensionne l’enroulement de l’escalier
jusqu’à la fenêtre ouverte
que le soleil foudroie.
Elle
a besoin de sentir sur sa peau
ses rayons là.
Découverte du grain où les sens s’entremêlent.
Ils attendent
que la chaleur monte
que l’astre sèche l’herbe déjà jaune
pour s’étendre, pour s’étreindre.
Dans le jardinet
à l’abri des murs
elle s’offre
et ce qui se passe là
est somme toute, très simple
sans promesses
sans suite, peut-être
mais l’instant
vivant.
VLM juillet 2020
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