Ceci est une histoire d'amour qui n'avait qu'un seul côté.
Tu ne m'as pas choisi.
Tu t'es choisis toi. Toi et ta souffrance.
Tu ne m'as pas nommée.
Tu utilises des sobriquets pour nous désindividualiser : Poulette, Tigrette…
C'est mignon, mais nous ne sommes que des animaux de passage.
Qui sommes-nous ?
Nous ne sommes que des intercalaires pour mettre de la couleur sur les murs de ta grotte où il n'y a que des cris d'effroi.
Nous sommes touchées par ta souffrance d'enfant qui n'a pas voulu grandir.
Nous voyons ta lumière au fond du puit et tu la mires dans nos yeux.
Nous sommes touchées par tes besoins de douceur et de câlins maternels.
Nous sommes mères, et ça, tu prends.
Nous sommes femmes et tu accueilles notre antre féminin, notre douceur, nos caresses et nos largesses.
Mais toi, que nous donnes-tu ?
Nous avons le droit à tes bouderies, tes pitreries. Mais pas d'amour. Surtout pas d'amour.
Parfois un je t'aime sors. Était-ce pour mieux nous emberlificoter, pour te rassurer ?
Pourquoi le dis-tu, si c'est pour ensuite nous dénigrer ?
Est-ce une lueur de cœur emprisonné ? C'est ce que j'ai cru.
Je ne veux pas de ce genre de relations. Dis- tu.
Alors, tourne toi donc vers des êtres superficiels, qui ne feront que passer.
Comme dit cette vieille expression : tu veux le beurre, l'argent du beurre et l'cul de la crémière.
Je dirai aussi le cœur. Car tu veux aussi notre coeur. Ce cœur que tu réduis en miettes.
Tu tiens de beaux discours sur les relations. Ah! Les femmes et leur cœur en bandoulière !
Tu dénigres la relation belle et vraie parce que tu es incapable de donner.
Tu te vois avec plusieurs amours alors que tu n'es pas capable d'en tenir un seul.
(Polyamour, mon cul !)
Ah oui, tu es gentil !
C'est bien, la gentillesse, j'dis pas.
J'ai apprécié cette gentillesse après des années passées avec un colérique.
Mais est- ce suffisant pour que je mette mon coeur, mon âme entre tes mains ?
Je le voulais. Je le souhaitais.
Je crois que parfois tu t'es senti poussé des ailes. Mais tu gardes jalousement enterré ton cœur, enserré dans son puit de souffrance et nous sommes désemparées.
Nous devenons muettes et tu ne nous donnes aucun droit à la parole.
Qu'as tu à faire de nos souffrances ?
Qu'as tu à en dire ?
Rien.
Qu'en as-tu faire ? Tu as bien assez de la tienne.
Tu restes seul dans ton gouffre, espérant de prochaines proies.
Des poupettes, des sylvettes, des cacahuètes..
Jusqu'à ce que tu sois trop vieux, trop rabougri.
Peut-être te restera t'il ta gentillesse ou deviendras-tu trop aigri ? Je te souhaite la première.
Je suis partie.
J'ai sauvé ma peau, après plusieurs rêves illusoires d'évolution.
C'est vrai. Je n'aurais pas dû. On le savait. D'essayer de te sortir de ton bordel intérieur.
J'ai dû me pardonner cette naïveté.
Je rêvais de fusion, mais la fusion n'est peut-être pas de ce monde…
Je suis partie et je me suis retrouvée. Libre et sauvage. Le cœur est réparé. Parce que je suis femme, mère, amante, forte et belle.
Je m'appelle Véronique, au cas où tu l'aurais oublié.
Sais-tu que tu as écarté de toi un ange ?
Mon coeur, je le donnerai à celui qui me nommera, qui me regardera, et non pas, son propre reflet.
J'ai écrit ma colère alors qu'elle n'est déjà plus.
Elle ne te souhaite aucun mal. Elle souhaite juste s'exprimer comme elle l'a toujours fait.
Et personne ne lui coupera la langue.
VLM
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