Entre et chocs

 

Tu m'éventres

choc     des mots des livres

parlent tous

du corps des hommes

moi choquée ?

non

mais moi pas

entre

 

                              &

 

J'entremêle

les fibres sous peau sens dessus dessous

j'enlève les noeuds

qui t'arc-boutent

      je masse tes épaules fragiles

la chair adipeuse de ton ventre

la prends l'étire

elle revient souple

je recommence.

 

J'aimerais plus

  caresser plume

            entre les os

                  les lignes

             poser

         baisers

       appuyés

    et lêcher

les creux.

 

J'aimerais plus

             me battre

                frotter cogner

            hanches contre hanches

         à-coups

à couteaux tirés

     prendre et donner

tout ce que tu n'oses demander

 

 te mener jusqu'à l'infiniment

rien

     qui fait de nous des êtres ciselés.

                               &

 

Des cris d.amours des chats en gouttières nous laissent sur un fil tendu entre chocs et lumière.

                            

                               &

             Choc

mes dents sur ton épaule

te griffent

incisives

                                &

ni dedans ni dehors ni entre

          rien

         juste

           KO

 

Texte parut dans la revue Fanzine

Entrechocs

 

Il

dit

tu verras on sera bien

tu verras on sera mieux

il envoie les liens de l’ailleurs bleu azur

immeubles démesurés

parcs avec écureuils qui mangent les miettes comme les pigeons ici

Elle

ne rêve pas d’ailleurs

sait qu’ailleurs n’existe pas

ici

elle est déjà au-delà

elle sent la force des vents venus de loin soulever la poussière du chemin

ils tremblent les feuilles et les hautes herbes et c’est comme une symphonie

ils viennent rider la surface du lac où l’oiseau boit

ils poussent les nuages et c’est comme voyager que de les regarder

Il

veut

prendre l’avion

se décoller du sol

se sentir grand ou tout petit

atterrir sur terre

dont il ne connait ni la langue ni les codes

se croire plus libre parce qu’étranger

parce que peut choisir

de repartir

Elle

sait

les visages translucides des aéroports

centrés sur l’écran du siège avant

à se regarder monter puis redescendre en virtuel

tout y est

la force du vent, l’altimètre, le temps qu’il fait, le temps qu’il reste

et dehors….

dehors tout trop

trop vite

pas le temps de voir les visages les yeux rieurs le creux des rides

le pas léger des femmes voilées

le bruit des coques de bateaux dans les ports de pêche

et le cri rauque des hommes qui s’interpellent

les douces vallées près du fleuve

elle

pour aller ailleurs

il lui faudrait marcher

Il

lui dit

qu’elle ne sait rien

pas le nom des capitales du monde entier

des villes qui font bouger le monde

le font trembler

Elle

lui répond

par le nom des hameaux

des cols et des ruisseaux

qui coulent à côté

d’il

il

lui dit

que cela n’est rien

elle est obtuse

fermée au grand large

va pourrir là

seule

elle

dit

ailleurs

c’est comme demain

ça n’existe pas

quand il y sera

il ne connaîtra ni les hameaux ni les noms des oiseaux là-bas

rêvera encore

d’un plus loin

il prépare sa valise