Tu mélanges dans ton flacon
les résidus de ta poubelle
où tu as laissé pourrir
un tas de peaux mortes
les mues successives de celle que tu portes.
Tu rajoutes à ça l’haleine d’une mère qui aboie
en haut de son huitième
dans sa robe de chambre avachie délavée
et l’air de toutes les métropoles
la colère du prix du gasoil
et tu obtiens
la puanteur l’air vicié
que tu ne peux que respirer
impossible étant de mettre en veille tes poumons
ce 26 octobre sur le parking de Decathlon.
Encore une fois, tu tournes en rond.
Tu as laissé remuer dans ta bouche
seule
ta langue assoiffée.
Tu as trop léché les vitrines
sales ou/et illuminées
d’art contemporain
où
suspendues
les molles mains de tes congénères pendent comme des couilles
pleines et amères
de ne pas avoir d’autres mains à serrer.
Pourtant
dans les fauteuils en acier trempés
d’art et d’histoire
tu te laisseras emporter dans un champs de mines
vieux restes couleur charbon
d’une ère qui ne finit pas de nous asphyxier.
Au-delà de la place
il t’arrête tranquille
au-delà de la place où
des feuilles et des cœurs suspendues à un fil
vous entrez en marche arrière vous empéguer de semoule et de miel
farinés, saupoudrés de sucre glace
vos mains vos bouches vos palais
vos regards ne se poseront qu’un instant sur ce mec
qui se croit seul dans un bois
et pisse sur l’unique arbre centenaire
du parc
avec joie.
C’est par là !
C’est entre deux ponts de chemin de fer
que tu le perds
le fil de cette journée
rouge
mais après tout
tu sais que rien ne sert
et cette journée pas plus
comme le reste des jours.
La chose est certaine
on est là pour remplir le vide et les textes d’un peu de matière
pure
et ça ressemble à la fin
à cette porte de tôle grise
recouverte de tags antisociaux
qui ne méritent même pas
ta photo.
Peut-être aurait-il fallu pour que tout soit dit
me farder
étaler sur mes kilos de souffrances
une tartine de crèmes onctueuses
et d’un geste encore leste
me couvrir d’ombres
creuser mes joues
raser mes cheveux blancs en forme d’étoile
m’imaginer trentenaire
sur des talons compensés
et téter le cubain cigare
dans un coin obscur
du Raymon Bar
Allons !
Tu écris en même temps que tu pètes et ton débit ressemble à une mobylette trafiquée
pour mieux exaspérer les bien-pensants les culs serrés
on a tous les deux échoués en dessous des zézettes
avec nos mains nos bouches encore sucrées
d’un rêve à bâtir à fixer
au profond d’un canapé râpé
derrière où se cache les affaires
du fameux cycliste Bertrand jambes à l’air
(merde, désolée, Bertrand, je t’ai trahie)
un rêve qui te poursuis
jusqu’au bout de ta nuit
un rêve à deux entrées
et une seule sortie.
Crois-moi
Tu rentreras
avec lui plus silencieux
avec encore quelques mots enroulés dans la bouche
mous et gélatineux
des mots loukoums
impubliables.
VLMilan
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