Comme ainsi les traces dans le ciel s’effacent, s’évaporent nos mots passent dans l’azur, s’accumulent et retombent en pluie. Abreuvent-ils ?.
Le minuscule a eu raison de nous. Nous qui avions peur que le danger vienne du ciel, le voilà volatile, invisible à l'oeil nu, nous terrant mondialement, dans nos cases, nos casbahs, nos yourtes, nos buildings, nos pavillons en attendant d'y trouver remède.
Nous voyant fort dépourvus, l'association Tisseurs de Mots inventa un atelier d'écriture nommé "le journal d'un confinement", lien entre écrivant au-delà de nos murs encerclant.
Vous trouverez dans ce lien les consignes d'écriture.
Pendant ce temps, les gens dévalisent les pâtes, les gants, les masques et le thermomètres.Ils congèlent leur vie et leurs pains en attendant le grand sermon du soir avant se coucher comme ça, ils feront de jolis cauchemars .
Il fut pris de vertige en sortant de cours. Il chercha un endroit pour s’asseoir et ne pu aller plus loin qu’au pied du grand arbre, celui qu’on appelait “le mage”, au centre du campus.
Il s’installa, le dos contre et regarda les grandes ramures se balancer au vent et jouer avec le soleil. Il n’aurait pas dû passer sa nuit à lire “Crime et châtiment”. Une sorte de malaise
s’était installé en lui qui l’avait poursuivi toute la journée.
Le QG de mon confinement est un canapé (très inconfortable) d’à peine deux mètres de long. Sur mes genoux, l’ordinateur, pour les temps de travail (meets, mail, drive..) à gauche, ce qu’il faut
pour écrire. A droite, mouchoir et téléphone (Sms, WhatsHapp, messenger…), un verre d’eau pour humidifier la gorge sèche.
Je passe mon chemin en me tenant bien à un mètre de distance de tout mot, loin du caviardage indiscret.
La première partie commence ainsi: “Elle a un con !” et on ne nous épargna aucun autre détail d’elle même, ni de sa vie, comme celle d’avoir vécue à 19 ans, sa dernière année d’adolescence.
Ainsi, l’année 2019, fût pour elle, la pire des années qu’il soit.
Elle a enduré toutes sortes d’épreuves et il est hors de question qu’on ne lui en supprime une seule. Ainsi fut sa vie, cernée de toutes parts par le chaos. C’est pour cela qu’elle aime les
chiffres pairs, signes d’un état heureux, d’une existence pacifique.
Les premiers textes de ce recueil appartiennent à la période difficile du début de ma carrière d’écrivain. Apparemment, les périodes difficiles ponctuent la vie des gens et des écrivains aussi,
sans doute: La mise en chantier d’un ouvrage, son aboutissement et le désarroi qui s’en suit. La course à la publication et dans le cas de cet admirable auteur, des critiques virulentes dont-il a
dû se justifier. Le titre “Pourquoi j’écris ?” n’a, pour l’instant, pas beaucoup de liens avec le contenu. Mais n’est-ce pas là, le questionnement de tout écrivain sensé ? C’est pourquoi
l’absence de réponse gouverne le monde.
On nous a dit qu’il allait y avoir des effets psychologiques au télétravail. Oui. La culpabilité. Ne pouvant me concentrer 7h par jour devant mon écran, sans avoir le corps criant “Oh
secours !”, ayant un cerveau très dé-concentrable, je n’arrive, ni plus ni moins à travailler que (allons, soyons fous) 3 à 4 heures en réalité. Le plus enrichissant de mon travail étant le
lien social, me voilà à téléphoner aux personnes régulièrement. Mais je ne peux les appeler, sciemment plus que leurs enfants ! Je me sens coupable de ne pas assez écrire, pas assez lire,
je me dis : profite, profite de ce temps de confinement ! Mais si je me jetai comme une tigresse affamée sur mes penchants, le télétravail brandirait devant moi son doigt accusateur: Hé
bien, ma p’tite dame, tu es payée pour quoi faire ? Pour trier les dossiers de mon ordinateur, pour meeter avec dix autres personnes qui n’ont rien à se dire. Le manque de sens de mon travail est
encore plus flagrant en ces jours étranges. Sûrement que l’absence de sens doit gouverner le monde.
Tu me dis qu’écrire pour être lu et écrire pour un public sont deux choses différentes. J’y ai réfléchi. C’est vrai. Je n’écris pas en pensant à un public, à plaire ou déplaire, à être approuvée
ou à choquer... L’acte d’écrire est un jeu, un dialogue entre ma tête et ma main, un acte solitaire fait de ma chair, mon sang et oserai-je dire, de mon âme ?. Parfois, je pense à quelqu’un en
particulier lorsque j’écris, j'écris pour, à l'intention de cette personne ,et j’espère que cette personne lira mon texte ou bien qu’elle ne pourra le lire !
Mais oui, j’écris pour être lue, puisque je vais faire attention à la sonorité des mots, au claquement des phrases, au style. Je me dis que peut-être ce texte rejoindra la personne à laquelle j’ai pensé en l’écrivant et si d’autres encore peuvent être touchées par mes mots, alléluia ! En fait plus j’écris, plus je me dis que j’écris pour peu de monde (ça tombe bien, peu de monde me lit). Je dirai même que j’écris sans doute pour une seule et même personne le plus souvent ou pour quelques proches. Ai-je pour cela une écriture très confidentielle ?
Folie passagère
désirs tordus
circoncis de fonds de placards
Cache-cache des mains des doigts des lèvres
Messages d'une caricature
Secrets de vieil amant
Mots de fureur
pudeur sacrée
Autel des désirs refoulés
Ne nous cachons pas la face
nous ne sommes que des humains.
Dehors
rien n'effleure
ne frôle
ne produit le trouble
rien n'arrive d'enivrant, d'attirant
rien
zéro.
Les regards acérés
on s'évitera de trois ou quatre mètres.
On se donnerait presque, de grandes frappées de battoirs
histoire d'y voir plus clair
sur nos trottoirs.
Ivre
tu te faufileras
tragique fourmi microscopique
fragile et vulnérable
entre les crabes
Rien
zéro
dehors.
One
Elle se présentait tout en jambes, une bretelle de sa chemise de nuit, tombée de son épaule.
Ils se pressaient l'un contre l'autre devant la vitre trouble de la porte du salon. Elle apparaissait comme dans un brouillard, ses doigts glissaient sur les cordes, le violon posé entre ses cuisses. La fente de sa bouche semblait s'ouvrir et se refermait. Elle chantait tout bas.
Bill triturait le sparadrap de son coude. Il commençait à se décoller. Mick avait défait ses lacets de tennis à force de les tortiller.
Le ventilateur électrique tournait lentement sa face d'un mur à l'autre, elle avait les cheveux en bataille et la tête rejetée en arrière.
Ça, c'est ce que pouvait voir Mick depuis le trou de la serrure et il le chuchotait à Bill qui avait enfin atteint la croûte sous le sparadrap. Il l'arracha et laisser échapper un gémissement de plaisir.
Two
Elle me dit "regarde le ciel, et c'est extraordinaire, pas la moindre trace d'avions". C'est vrai. Je lève la tête. Je suis dixième dans la queue sur le trottoir devant la poste. Une solitude à un mètre de distance minimum d'une autre solitude. J'ai une boule au ventre. Les rues vides. On dirait une peinture de Hopper. Je sens monter en moi l'angoisse. Personne ne parle, sauf les oiseaux, qu'on entend enfin. Moi qui me faisais une joie de sortir, me voilà avec l'envie de détaler dans mon antre. Les gens se contorsionnent pour qu'aucun des autres ne s'approchent. Certains portent des écharpes comme des gangsters, d'autres des masques de ninjas. Je ferme les yeux, la gorge me serre, j'ai le vertige. Cela va être bientôt mon tour. Une heure sur le trottoir. Les flics passent autour de nous en boucle. La ronde.Le chien de ma voisine de derrière me lèche les talons. La porte s'ouvre. Je lâche un petit cri de plaisir.
Cours !
A donf !
Le corps urge !
Ne reste pas
ego d'un soir
dans le corps cage
où le satire
l'ogre
le gougeât
qui laid, sale
fond sur toi
innocente
sous l'orage
solitaire
et t’écroue
entre les rails
d'un resto
où tu goûtes
le reste
d'une courge rôtie
et un litre de lait d'orgeat
sur un lit à la taie rose
comme de l'eau rage
fuit sur la tôle
fine
Alors
tu sors en force
de cette comptine
enfin !
One
J'aime les monstres, c'est pour ça que Nénesse, je l'ai aimé tout de suite avec sa gueule d'acier trempé et lorsque je l'ai découvert au fond du bar entrain de s'enfiler sa bière, je n'aurai jamais imaginé quelle maladie virale il avait chopé, ni qu'une grande partie du monde allait y succomber.
Two
Comme le vent dans les ruelles, il se répand, lui, partit de rien, petit feu de paille, il se déploie au travers de la planète et bien malin ce qui l'arrêtera car grâce au hug de Tess (Tess adore les hugs), grâce à mamie Paulette, qui ne loupera pas son thé avec mamie Huguette et Antoinette qu'elle fera sortir en regardant bien à gauche et à droite de la rue si aucun poulet ne f actionne et aussi le voisin faisant fît de tous ces connards de la télé et de la radio, de tous ces professeurs de mes 2 qui racontent vraiment le tout et son contraire, ira jusqu'à inviter tous ses potes vendredi soir dans son 22 m2 et donc voilà pourquoi longue vie au Corona.
Il venait juste de s'endormir
la boîte aux lettres dépouillée de l'intéressant
se leva avec lassitude
la main contre la gorge il frissonnait
le parc nu
il froissa quelques feuilles
l'herbe en fleurs
il éclata en sanglot
la basilique en splendeur
dix pompes sur les pâquerettes
ne tenaient plus en place
tournant dix fois autour du parc
se pavanant se secouant
s'asseoir et s'adosser à son arbre
elle s'enfuirait
prendre le soleil comme un dû
en se promenant dans les rues, elle chantait
se glissait dans les jardins
la douceur de l'air
rester sans voix.
Traverser
rue principale
silence
Saisir
visage
derrière palissade
heure
épaisse figée
aigu de lumière
être assise dans jardin
lire
entendre cliquetis
gémissements mélodieux
harmonica jouant du blues
Tenir solitude sur fil du rasoir
rester
solide
-Tu pourrais éviter de compter en All'mand, ça m'fout l'bourdon !
John-Henri sortit de la pièce et continua son jeu stupide derrière la porte fermée.
- T'aurais une épingle pour que je l'entende tomber ?
- Pour quoi ??
- ....
- Tu sais, on est pas sûr de ne pas avoir une deuxième vague....
- Je crois qu'on a été éduqué trop coincé du cul.
- Ah ben, c'est nous deux ou rien.
Son regard s'assombrit, elle retourna à son fourneau.
- J'adore la bouffe visqueuse parc'que ça descend plus vite et t'as l'impression qu'ça glisse jusqu'à la sortie.
- Moi, quand c'est visqueux, ça circule pas dans l'même sens que les autres.
Elle hésita
- j'suis un peu deg...vous aimez pas trop c'que j'fais.
- Allons, t'as un sacré mental comme nana !
Elle continua lentement de touiller.
- On est des fantômes...
- Bah, tu sais bien quand j'te dis d'mourir sereine, c'est tout l'bien que j'te souhaite !
Elle l'embrassa.
- Bonne nuit, gros lard.
Tu ne peux inviter personne.
Tu (te) protèges.*
Tu ne feras pas la fête.
Seule, tu boieras ta bière, ton café, ton tilleul.
Tu ne lancera pas l'invit' pour un apéro Grenouille, ni pour les 10 ans des Tisseurs. Rien.
Tu n'inviteras pas ton voisin à passer le pas de la porte.
Tu ne prépareras pas la chambre d'amis.
Ni celle des enfants.
Tu n'invites pas. Pourtant ta maison n'a jamais été aussi bien rangée. Ce qui traine encore, les livres, les papiers, les stylos, sont les seules choses que tu uses chaque jour.
Dans la cuisine, on fait des gâteaux, mais aussitôt fait, on nettoie, on a le temps.
On ne les mange que tous les trois. On invite personne.
* Clin d'oeil à Ben Mazué
PS: Nous avons, bien entendu, la chance d'être 3 à manger les gâteaux.
Ce n'est pas une blague.
On ne sait pas quoi faire
et bouger ne sert à rien
oui le corps sans doute un peu
pour ne pas qu'il s'encroúte
mais bouger pour aller vers
bouger pour entreprendre construire sauver
non
Il nous faut rester
chacun chez soi.
On prend note
on écoute
le chant des oiseaux
notre coeur qui bat.
on regarde
les écrans à ne plus pouvoir fermer les yeux
on bricole
deux trois trucs pour occuper les mains
on astique à n'en plus finir
on patine, on sculpte on chante
on danse même.
On fait du Pilate au milieu du salon en regardant l'écran d'un oeil pour ne pas louper les gestes et le changement de position.
On essaie d'évacuer les mauvaises pensées
parc'qu'on se dit
là, là, si on y pense, on est mort
ça nous arrive un peu que ça déborde des yeux
ça coule sur la figure alors on se torche avec la main.
On a beau brasser télé- travailler
on ne mouline que du vent
on le sent.
Ce qui est bien parfois, c'est qu'on rassure
d'autres
et que d'autres nous rassurent.
On est une chaîne humaine.
On se dit à l'oreille de nos appareils :
Tient.
Pourquoi tenir ?
on se demande.
Pourquoi continuer ?
on se demande.
Pour la beauté. Yeah !
La beauté de certains mots
de certains gestes
qui sont comme des caresses
dans nos vies d'assoiffés.
L'énergie de certains
qui nous rempli soudain.
Et oui, on se lève chaque matin
presque
on dort bien.
Alors
on continue cette vie surprenante
on sort de la pharmacie sans masque
on descend juste de la bascule
on pèse nos 80 kg
on l'aime.
Tu t'enracines dans le dur
Tu as trouvé accroche dans ce qui ceint.
Au creux des pierres
tu ne fais qu'un.
Carapace de tes richesses et de tes failles.
Pourtant
délicat
quelques lobes tremblant au vent
en légère dépression.
Solitaire
sous tes longs pédoncules
tu vibres a l'air pur
et parfois
au soleil
tu t'aventures
d'un air de fanfare.
Tenir
devant panneau BRIOUDE
barré de rouge
comme interdiction
d'aller plus loin
pour aller faire ces bêtises
que je ne raconte pas dans ce journal.
Ce qui s'écrit là
me semble l'incertain
le tenir dans la paume
en sachant que je peux
l'éclater comme un moucheron
en claquant des mains et puis
chaque nuit tenir au plus loin l'éveil
sachant sûrement qu'il est toujours plus tôt qu'on ne le pense.
Peine perdue
une autre bataille s'engage
une lutte avec les ombres
qui durera aussi
le jour
devant l'écran abrutissant
pour tromper l'angoisse
alors
le plus longtemps que je puisse
envoyer
/à ceux qui la vive encore plus fort/
la matière pour écrire
ces jours étranges
debout.
A l'aube, l'entrefilet d'une pâle lumière et déjà les oiseaux emmêlent leurs voix de concert avec au loin le bruit de ceux qui continuent à ramasser nos poubelles.
De là, je ne vois que les toits de ma ville. Je la fais mienne en ces jours où je suis la plus libre de la vivre.
Je n'ai pas besoin de tous ces humains. Je m'en passe admirablement bien.
Non, je ne hais pas le monde entier.
Au bout du fil, sur quelques uns de mes écrans, la voix et le visage de ceux qui comptent. Je me met ainsi à trier les dossiers de mon intérieur et j'ai une bonne poubelle à jeter.
Non, je ne hais pas le monde entier.
L'espace du dedans, si vaste, de monde à monde, à cloche pied, de livre en livre, un film, une pensée, un rire. Rien ne vient agresser dans les jours sans travail le paisible quotidien.
Il me manque de combler ce besoin irrésistible d'aller plonger à la piscine dans de l'eau chlorée, mais qu'importe, je dépose mes désirs, mes peurs de...je ne sais si j'irai jusqu'au bout de... peut-être que rien, mais je ne veux rien comme avant...je ne veux pas que la fenêtre se ré-ouvre avant que... peut-être jamais. Pourtant, je ne hais pas le monde entier.
Je dissimule si peu.
Je m'ouvre presque trop
si bien que parfois je suis touchée au fond.
J'apprends
à me recroqueviller.
Et puis si je ne dis pas
tu le sais
c'est qu'une vitre nous sépare.
S'il y a bien une chose de sûre
C'est le doute.
Aujourd'hui je tranche
Aujourd'hui j'affirme.
Ça dure quelques instants
Tout au plus un heure ou deux
ensuite
je redoute
Ces quelques exceptions me font prendre quelques décisions et ainsi j'avance cahins cabas en essayant de mon mieux d'éviter les sables mouvants.
Vivre, c'est fatigant.
Elle n'avait plus d'âge.
On la pensait pourtant sage.
d'un pourcentage suffisant
pour ne pas croire un instant
qu'elle pleurait à tout bout d'champ.
Elle n'avait plus d'âge.
Collait des cartes postales aux miroirs.
Déchiraient celles de son anniversaire.
Portaient les petits bouts à la poubelle à carton.
Elle allait entamer la liste de ses compétences pour voir sur quoi elle devait s'évertuer de miser.
Ce serait l'unique illusion.
Elle n'avait plus d'âge.
Tu m'autorises, Brautigan
à décoller vers Babylone
dans le road-trip de ton cerveau ?
C'est rodéo street
on se promène au milieu de la chaussée
sans personne à des kilomètres à la ronde
étonnés
les oiseaux entonnent
des opéras de strauss
certains choisissent plutôt
du Donizetti Gaetano
c'est rock'n roll
comme OPA
y'a même pivert qui fait solo
faisant la nique aux Lamborghini
la loi du plus fort
est gagné cette fois par les minos
C'est ballot, hein, mon gros ?
Cassée
entre fils tissés
ajourés
où se superpose
le paysage de son visage
pâle
celle qui troue la nuit
de son regard
elle qui écrit
nouvelles après nouvelles
en blanc et noir.
Nous juxtaposons
nos solitudes au dessus
de nos solitudes
en couches.
Mille feuille de vies sous le soleil.
La ville s'écrase.
Ça gueule dans la rue.
La femme voilée-masquée
comme le shampoing 2 en un
longe le mur et aboit
sur deux clampins des nu)d)é(e)s de masques.
Allons un peu plus haut
prendre une goulée d'air
loin
voir les collines
tendres vertes et jaunes.
La nature
elle s'en fout
elle ne nous attend pas
elle explose
elle s'offre
cadeau Pascal
ivre de joie
puisant les eaux aux sources vives*
Indifférente à nos peurs.
Voilà que ça braille encore
d'une fenêtre ouverte
CAROLINE, JE T'AIME !
Nous ne sommes que des radeaux
si nous ne coulons pas
où irons nous nous échouer ?
* Cantique Is.12
On a parlé une heure avant de nous y mettre. Il a fallu le convaincre. Avec lui, c'est tout en douceur, faire croire que l'idée vient de lui.
Je fatigue parfois, mais je me dis qu'au moins, je sers à quelque chose ici. Si j'étais resté dans mon appart, je n'aurai servi qu'à moi-même et lui, aurait été tout seul.
Ils ont fermé l'île, et ça, ça m'a saoulé, j'ai trouve ça complètement con, du coup, je ne sors que dans le jardin.
Je regarde les vidéos et je compare les covers, y'en a pas un qu'ait une âme.
Pour le loyer de l'appart, je pense que je n'ai pas à m'inquiéter, mais tout de même, je ne sais pas comment se passerons les prochains mois.
Sûrement que je vais passer 8 mois ici. J'irai bosser juste après.
J'espère que cette vidéo sera remarquée, c'est un peu un rêve qu'il la regarde, pas vrai ?
Pas de retour d'elle, ni d'elle. J'essaie de ne pas m'en formaliser, de ne pas me recroqueviller, tant pis, je matche quelques nanas, je fais mon chacal, ça me fait du bien.
L'ennui était si grand !
L'ennui était si grand....
Il n'avait plus le droit de travailler.
Dans son 20 m2, une table, un lit, une chaise et une armoire.
A peine de quoi s'acheter à manger.
Mais le pire n'était pas là.
L'ennui était si grand !
Un jour il prit un coup de sang. Il pris sa brosse à dents, descendit 4 à 4 l'escalier, atterrit dans la ruelle qui menait au pont, se mit à frotter la mousse entre les pierres.
Le président avait parlé, il avait tout l'été pour brosser le pont que personne jamais ne passait à par les chiens errants. Pas besoin d'attestations, au pire il se jetterait du pont.
J'ai un rêve
je marche
dans la rue
le ciel est plomb
des jours et des jours
de confinement
tu viens de m'appeler
j'ai descendu 4 à 4 les escaliers
je tourne à l'angle de la rue
une bourrasque
et
la pluie
battante
drue
frappe
se mélange à l'asphalte
imbibe
les pierres
s'immisce
trouve la terre
l'abreuve
déplie
fleurs et plantes
je suis trempée
pas eu le temps d'ouvrir un parapluie
je vois ton visage au travers
de la vitre du café
entre gouttes.
V
Debout l'un à côté de l'autre
un rideau bleu comme une chute d'eau.
Il lui écrivait quand il se sentait désorienté ou triste.
Nus, ils pleurent, les pieds sur le marbre rose.
Il allait chaque jour poster la lettre mais il n'osait jamais.
Elle, le plein du ventre.
Il aimait façonner les mots sur le papier comme avec une lame d'argent.
Lui, le sexe au repos entre ses cuisses à elle.
Il lève le poing et dit qu'il y a un secret entre eux.
Les nuques courbes.
Tout en le sachant sourd, elle croit qu'il comprend la musique.
Elle le console tendrement.
Corps on a
et on essaie de l'oublier
mais Satan !
il est toujours là.
Corps on a
pas choisi
pas aimé
peut-être si
des fois
en ventre rond plein
ou au paroxysme
de l'extrême oubli de la jouissance.
Corps on a
comme feuille de salade le lendemain
fripée, recroquevillée
que même la sauce ne relèvera pas.
Corps on a
et on fait mine de faire avec
on évite les miroirs
les vitrines et les mares.
Corps on a
enveloppe
prêt à timbrer
pour une destination sans mystère.
Corps on a
tordu souffrant
piqué entubé plâtré
asphyxié entrouvert
recousu
des plaies des bosses des furoncles
des boutons cicatrices
rougeurs mycoses
des...
Je n'aurai jamais assez de pages pour tout énuméré.
Corps on a
en gestes d'amour
de tendresse
en caresses
Corps on a pour aimer
.
Lorsqu'on est vieux nos pas s'articulent à une certaine cadence et l'on mesure l'art à distance, ce qu'il nous reste, rien. Pas d'inquiétude, de traverser, se promener nue, penser à toi, heureuse de retrouver la pluie, regarder ta photo, et ne pas avoir envie de t'écrire.
Se parfumer tout de même :
- prends en de la graine !
- Pas le temps, j'ai deux Star Wars qui m'attendent.
- Tu sais, je me lave en faisant mon pain.
- Apprends ça à Mathilde, elle va kiffer.
- Non, les lions ne parlent pas aux brebis,
Ce qui tremble : les gloussements rauques et les crachotements.
Les mains jouissent pendant que la tête pense.
J'te l'ai déjà dit: Prends en de la graine !
J'ai décidé que ce serait aujourd'hui la dénonciation de tous les bienfaits de ce confinement : une pause dans ma vie, un espace pour faire mon deuil, un lieu pour pleurer, des moment d'amitié l'oreille collée au téléphone à se dire des mots qui rapprochent et puis entendre les oiseaux chanter, les voir faire leur nid; marcher au milieu de la route sans peur, sous un ciel bleu ou une pluie fraîche; croiser des gens,qui d'habitude ne me regardent pas et rencontrer leur regard, entendre leur bonjour, voir leur beau sourire; visiter les rues de ma ville, regarder et rire du nom des rues, voir de petits détails anodins, les photographier, prendre le temps d'envoyer les photos de plantes à Christian pour qu'il me raconte et aussi me transporte un peu à Malte sur les toits avec Luchia. Appeler chaque jour quelques uns et relire une deuxième fois plus intensément la consigne; ping-ponguer de mail en mail, comme d'habitude, en fait, mais aussi comme avant, avant ! parce que le temps s'est arrêté, on n'est plus sur les routes, on est moins fatigué, je n'ai plus mal à la nuque ni à la hanche, je dors mieux ...Véro, Véro, arrête, arrête, arrête, trop c'est trop de bonnes choses, il ne faut pas s'habituer ! Dis nous, dis nous un truc à chialer...
...et bien, juste encore une chose, j'ai hâte de vous revoir parce que vous me manquez
JC du 25 avril
Il fredonnerait et ne lui prêterait aucune attention.
Elle passerait dans la rue et tout serait redevenu comme avant
La vie aurait repris son cours
Les voitures à la file
Le train-train mine de rien
le stress la course les heures qui défilent
trop vite
avec les aiguilles tic-tac toujours dans le même sens.
On entendrait des cris d'enfants dans les cours et les écoles
Ce serait bath
Mais elle aurait pourtant voulu qu'il y ait un petit changement
un raté dans le crénelage
un déraillement de la chaîne qui nous force à regarder le paysage
et peut-être qu'enfin
qu'il lui prête attention et qu'il continue à lui dire bonjour
comme pendant le confinement.
Prendre de ton eau de mes mains en coupe
fraîche - ayant ricoché de pierre en pierre - Venant du Merdant ou du levant...
Trainer aux terrasses de tes petits cafés avec de ces gens animés par les mains par les mots. Longer tes jardins fleuris, tes pentes vertes aux lamas doux et tranquilles.
Aller jusqu'à la chapelle - ne pas prier, juste s'ancrer au côté des morts - six pieds sous terre et âmes dans le céleste de nos crânes effervescents.
Retrouver la rivière
Y planter les pieds
Se rappeler les jours musiques
les sculptures en galets
le chant des lavandières
des silhouettes fugaces annonant des prières
zigzaguer jusque chez Charlie poussée par le chant des oiseaux, le bruit de l'eau, ce printemps qu'on me vole - maintenant.
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